L’amour tarde à Dijon

Autant l’annoncer d’entrée de jeu et ne pas vous faire perdre votre temps, vous êtes sur le point de lire un article sur le Dijon Football Côte-d’Or. Amis lecteurs, si vous lisez ces lignes c’est soit que vous êtes tombés sur cet article par erreur, soit que vous êtes rédacteurs du site et êtes obligés de tous les lire, soit que vous faites partie de mes proches et vous vous sentez un peu forcés de me lire ou encore que vous êtes des amoureux  inconditionnels de la L1. Ecrire sur la ligue 1 et tenter d’intéresser les lecteurs du site à ce championnat n’est pas chose aisée. Pourtant chaque mois je prends mon bâton de pèlerin pour traiter de l’actualité du championnat, d’un joueur ou d’un club qui pourrait intéresser plus que mes 30 lecteurs habituels. Ce mois-ci, je me fixe le défi un peu fou de traiter d’une équipe dont je ne connais rien ou presque et de faire resurgir de l’intérêt et de la passion sur un club qui n’en dégage guère. Cet article sonnera-t-il le glas de la fidélisation de mes électeurs assidus ?

C’est suite à la rédaction de mon article sur Yoann Gourcuff qu’est venue tout naturellement l’idée de creuser un peu l’identité de ce club et sa saison écoulée. Le suspense de la Ligue 1 étant terminé depuis la première journée, je suis contraint de me rabattre sur des sujets plus audacieux et de sortir de ma zone de confort.

Le DFCO est un club encore jeune dans le monde de la L1. Fondé en 1998, Dijon sort tout juste de l’adolescence et rêve de vivre pleinement sa vie et de faire comme les grands. Ayant acquis le statut de club professionnel depuis 2004, le club fait maintenant partie de l’élite du football français depuis 2016. Il s’est en effet payé le luxe de non seulement terminer l’exercice précédent en se maintenant mais également d’obtenir la meilleure place au classement de son histoire (11ème). De plus, les observateurs avaient été épatés par le jeu offensif que le club proposait. Les Bourguignons pouvaient-ils répéter cette dernière saison convaincante ? Pas si l’on en croit une étrange prophétie qui plane sur le club. En effet, depuis son épopée en Coupe de France en 2004, à chaque fois que Dijon atteint au moins les quarts de finale d’une coupe, le club foire son championnat. En 2007-08, Dijon, outsider pour la montée, dispute les quarts de finales de Coupe de France, et se sauve de justesse en Ligue 2 avec une piètre 17ème place. En 2011-12, en parallèle de sa première saison en Ligue 1, le club bourguignon file en quarts de Coupe de France, et termine 19ème. Il semble que cette saison encore les Bourguignons fassent perdurer cette sinistre malédiction. Cette année, comme toute équipe stabilisée en Ligue 1 et adepte du ventre mou, le DFCO a tenté de jouer un coup en coupe et espéré ne pas tirer le PSG jusqu’à la finale. Las pour eux, ils ont tiré leur épingle du jeu jusqu’en quart et ont dû rendre les armes contre le PSG (3-0). Résultat : ils sont barragistes. L’ancien club de Gourcuff semble avoir pris une place dans le bus qui descend tout droit en Ligue 2.

Certains se refusent à croire au surnaturel, au miracle et autre esbroufe pour expliquer victoire ou défaite. Pour contenter nos lecteurs à l’esprit plus cartésien, une autre explication peut permettre d’expliquer cette saison ratée : une cellule de recrutement foireuse. En effet les scouts bourguignons ont le chic pour dénicher des flops. L’exemple qui parlera le plus à nos lecteurs est le recrutement de Vincent Rüfli. Pourquoi un scout du DFCO a pris la peine et le temps de l’observer alors qu’aucun club helvétique ne voulait de lui ? Joueur au caractère agressif, à l’esprit parfois étriqué, se servant plus de ses pieds et pas toujours à bon escient que de sa tête pour vivre de son métier, il choisit de s’exiler à Dijon après avoir bourlingué son sale caractère et s’être faire détester de toute la Romandie, ou presque. Son exil convint bien tant au joueur qu’aux spectateurs du championnat suisse. Il fit des débuts intéressants avant de disparaître progressivement de la feuille de match. Et c’est très bien ainsi. Un autre exemple de l’amateurisme du recrutement des Bourguignons ? L’achat de numéros 10 censés dynamiser l’entrejeu de l’équipe. Le premier de cette longue série fut Eric Carrière en 2008. Seulement le joueur était en fin de carrière justement et joua deux saisons honorables bien loin du niveau de ses meilleures années nantaises et lyonnaises.  Ensuite, Dijon céda à la mode des ex-futur Zidane. Le club s’offrit le premier joueur de cette catégorie en 2016 : Marvin Martin. L’international français sortait d’une expérience compliquée à Lille. Désireux de se débarrasser de lui, ses émoluments étant assez élevés, Lille le prêta à Dijon. Le club bourguignon ne pouvant toutefois lui verser « que » 50’000 euros par mois, le LOSC continua donc de le payer. Avec une passe décisive et aucun but en treize matchs, l’expérience tourna vite à l’échec. Le club aurait pu prendre acte de ce raté, mais non. Dijon est un club jeune et naïf. Deux ans plus tard, les Bourguignons remirent ça. Cette fois, ils réussirent à attirer Yoann Gourcuff, libre depuis son départ de Rennes. Le pari fut risqué mais tentant. Et si le discret Yoann s’épanouissait dans la discrète Bourgogne ? Après tout, son meilleur millésime date de 2009, alors qu’il évoluait déjà dans un club viticole du côté de la Gironde. L’expérience tournera au vinaigre.

Un dernier exemple suffira à convaincre les plus sceptiques que Dijon fait tout pour se tirer des balles dans le pied. Dans le football, et Christian Constantin ne me contredira pas, l’entraîneur endosse une grande part de responsabilité lorsque l’équipe ne tourne plus. Une direction raisonnable actionnera alors le couperet pour produire ce fameux « choc psychologique » tant attendu par les présidents qui naviguent à vue. C’est ce que fit Dijon à la mi-saison. L’entraîneur Dall’Oglio fut licencié le 31 décembre en raison de résultats catastrophiques depuis le début de la saison. Dijon est alors (déjà…) virtuellement barragiste à deux points du premier non relégable, Amiens. En temps normal, la direction prend le temps de recruter un nouvel entraîneur qui pourra faire remonter le club au classement. Mais ces génies décident d’engager l’entraîneur qui réussit à faire pire que D’all’Oglio lors de la première moitié de saison. Ils prirent le risque d’engager Antoine Kambouaré, alors tout juste évincé par Guingamp, dernier au classement. Si Dijon recula au classement depuis l’arrivée d’Antoine Kombouaré, les statistiques indiquent qu’il s’effondra aussi dans le jeu. Encore un recrutement pertinent de Dijon. Mais que Kambouaré ne s’inquiète pas. Même une relégation ne l’empêchera pas de retrouver toute sa vie un banc de ligue 1, comme tous ces entraîneurs plus que moyens qui se partagent, à 5 ou 6, tous les clubs de bas et milieu de tableau. Et puis si Dijon est relégué en barrage, Kambouaré aura réussi l’exploit d’être l’homme à avoir entraîné 2 clubs de Ligue 1 relégués en Ligue 2 au cours de la même saison ! Belle performance du Kanak !

Le brouillard se lève sur Gaston-Gérard: le coaching improbable de Kambouaré va commencer à se voir.

Rester donc en ligue 1 ? Certes cet objectif doit être encore visé. Mais pour quel projet? Celui que portait l’entraîneur Dall’oglio paraissait plus clair que celui de Kambouaré. En quelques semaines, tout ce qui faisait le sel du DFCO la saison passée n’est plus. On sent les joueurs en fin de cycle, aussi brillants qu’incohérents dix minutes plus tard. Il manque ce liant qu’était l’âme de l’équipe, le plaisir et l’envie. Ils ne pratiquent plus ce jeu offensif et insouciant présent l’année passée. Il leur reste beaucoup de travail pour retrouver tout ça et si ça commence en Ligue 1 je ne vois pas trop ce que peut créer ou apporter Kambouaré à cette équipe.

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