No more VAR !

"La VAR, c'est une belle merde". Michel Platini

Je hais la VAR. La VAR devait résoudre tous les problèmes d’arbitrage en un coup de baguette technologique. Mais la VAR, si haute était l’attente, s’avère n’être qu’une solution imparfaite de plus, générant insatisfaction sur insatisfaction, ne tenant aucune de ses promesses. La VAR, magnifiant l’idée d’utilité, de justice, d’équité n’est finalement que la plus hostile et la plus dangereuse à l’idée de beauté.

La Nati en a fait les frais jeudi passé à Copenhague et dimanche soir à Genève. Elvedi expulsé injustement, le but d’Omeragic annulé pour cause de main involontaire de Freuler en tout début d’action, pénalty non sifflé pour la même main involontaire de Lamine Yamal, Le Normand expulsé après de longue minutes de tergiversation (hors-jeu millimétré au début de l’action ou pas?). Bref, la misère. Je ne m’étendrais pas plus sur ces exemples excellemment décrits dans le passage « la buse du match » de l’article de mon confrère cartonrougesque Valentin Henin.

Ceci dit, sachez que les Suédois sont mes héros. Les Suédois, les clubs suédois, ont refusé et refusent encore l’instauration de cette abomination dans leur championnat. « Nous ne présenterons pas de demande à l’organisme chargé d’appliquer les nouvelles technologies en raison de l’opposition de nos clubs, ce qui est en parfaite conformité avec les règles démocratiques régissant notre mouvement footballistique », a déclaré le président de la Fédération, Fredrik Reinfeldt, le 27 avril dernier, entérinant cette décision pour les deux prochaines saisons.

Le football est de l’ordre du rituel. Un rituel, c’est sacré, c’est inaliénable, c’est intangible. La VAR casse le rituel, bafoue le sacré, aliène l’inaliénable, révoque l’intangible. Pire, la VAR instaure un nouveau rituel. Insidieusement. Et avant que nous, supporters, amoureux du ballon rond, inconditionnels du Joga Bonito n’eûmes songé à ouvrir la bouche pour la contester, avant que nos eûmes remarqué où elle nous conduisait, avant que nous nous fûmes rendus compte de l’endroit où gisait désormais notre football, avant même que nous eûmes tourné les yeux vers le chemin où nous menait cette ignominie, la VAR avait pris le lampion, refermé la porte derrière elle et enlevé aux fidèles parmi les fidèles les délices, l’euphorie, l’extase. Nous voilà muselés.

« La VAR, c’est une belle merde », disait Michel Platini. » « Le football devient ridicule », a cinglé de son côté, Kasper Hjulmand, sélectionneur danois, à la suite de l’élimination de son équipe contre l’Allemagne à l’Euro 2024, sur deux décisions infinitésimales de la VAR. La VAR, c’est, en fait, pire que l’impitoyable Ugolin, dans l’enfer de Dante, qui dévore le crâne de l’archevêque Roger (mais finalement, lui, Roger, il le méritait, son supplice). La VAR, c’est l’enfer à elle toute seule. Quand la VAR ordonne, même le diable obéit.

Depuis son instauration officielle, en 2017, la situation s’est aggravée d’année en année. UbuVAR est roi. Et les rois, à un moment ou à un autre, on leur coupe la tête. Chaque année, je croyais que l’on avait vraiment touché le fond. J’essayais de me persuader qu’ils auraient des regrets, qu’ils allaient rétropédaler et venir nous présenter leurs excuses. Qu’ils allaient admettre s’être trompés, qu’ils n’auraient jamais dû valider cette « aide à l’arbitrage », que nous n’avions finalement rien fait pour mériter ça. Et puis nous allions tous redevenir amis, parce qu’au fond, nous aimons tous le foot, d’abord. Pour toujours.

Mais non. Ils persistent. Le football est de l’ordre du rituel. Le plus beau est, nul doute, l’explosion de joie au moment où le ballon passe la ligne et finit dans les filets. Goal ! Le stade exulte … désormais à demi. Coitus interruptus : la justice doit primer sur l’émotion. Ils ont tué le rituel, ils ont tué la joie. Football 2.0. Le ballon passe la ligne et nous avons tous l’air de mâcher des cailloux dans l’attente, interminable, du verdict, les yeux rivés sur l’arbitre jouant la gestuelle de la VAR : la main sur l’oreille, l’autre qui fait signe aux joueurs de se calmer, de rester à distance, d’attendre. Le nouveau rituel. Délivrance ? Que nenni. Les « assistants » sont déboussolés, ils s’en remettent à l’arbitre qui, au pas de course, file vers l’écran valider ou invalider son premier choix « à vitesse réelle ».

Goal, pas goal ? L’émotion n’est plus la même. La bière est chaude, la saucisse est froide. La saveur n’est plus au rendez-vous. Le plaisir est abîmé. Coitus annulatus.

La VAR va au football aussi bien qu’un tablier à une vache. La VAR ennuierait même un mort. La VAR se comporte comme une ex toxique : elle part, elle revient, elle part, elle revient.

Je hais la VAR. Je voue ces décideurs à tous les supplices dont mon ardente imagination me fournit l’idée, et je trouve encore que les plus terribles sont trop doux et surtout trop courts pour eux.

VARez moi ce cirque !

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2 Commentaires

    • Deux heures que j’essaie de voir où il y a plus de bénéfices que d’inconvénients. Je suis à un cheveux de l’entorse cérébrale.

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