C’était mieux avant !

Fuck le nouveau football

Maintenant que vous savez, à la lecture de mon précédent article sur carton-rouge.ch, que j’ai demandé à devenir rédacteur de ce site satirico-sportif connu pour sa neutralité à toute épreuve le jour où « le football a perdu », j’aimerais revenir sur cette affirmation en invitant et Marcelo Bielsa, « El Loco », et Ronaldinho dans la danse.

Souvenons-nous de ses paroles du mois de juillet dernier, prononcées lors de la conférence de presse qui voyait son Uruguay prêt à défier – et finalement sortir – le Brésil, en quarts de finale de la Copa America, un triste Brésil à qui il ne reste décidément plus grand chose d’autre que l’histoire et le maillot. En substance, il disait « Je suis certain que le football est dans un processus de déclin, c’est-à-dire que de plus en plus de gens regardent le football, mais qu’il devient de moins en moins attrayant parce que ce qui a fait de ce jeu le premier jeu au monde n’est pas privilégié. Si vous laissez beaucoup de gens regarder le football, mais que vous ne protégez pas le plaisir de ce qu’ils regardent, cela favorise le business, car le business est que beaucoup de gens regardent le football ». Souvenons-nous également de la tirade de Ronaldinho contre son Brésil : « Je suis le football depuis mon enfance, bien avant de penser à devenir joueur, et je n’ai jamais vu une situation aussi mauvaise. Il y manque de l’amour pour le maillot, un manque de détermination et le plus important, un manque de football. C’est pourquoi j’arrête tout. Je ne regarderai plus aucun match de la Copa America et je ne célébrerai plus aucune victoire ».

« El Loco » a-t-il définitivement perdu la tête de sortir ces insanités sur le beautiful game juste au moment où l’on annonce « ADN Barca », le livre ultime du jeu si séduisant enfanté par Johan Cruyff, popularisant au passage l’idée toute simple qu’avoir le ballon permettait de jouer et s’amuser, bannissant par la même occasion la vieille rengaine selon laquelle il fallait mourir sur le terrain pour que ça en vaille la peine ? Sûr que non. Lorsque je regarde un match, aujourd’hui, j’ai de la peine à aller jusqu’au bout. Parfois même, si je pouvais me rincer les yeux au désinfectant, je le ferais. Didier Déchiant, le Keyser Söze du ballon rond, disait que si ça nous emmerdait de regarder les matchs de son équipe, nous pouvions faire autre chose. Il n’a pas tort, évidemment. Personne n’attache personne devant tel ou tel match. Quoi qu’il en soit, j’aimerais lui rétorquer que, quand on a un boulot à faire, on le fait bien ou on ne le fait pas du tout.

Mais savent-il encore, lui, Gareth Southgate et tous les autres démolisseurs du beautiful game, que le football est d’abord et avant tout du folklore au sens premier du terme, soit l’opium des peuples ? C’est ce qui nous fait rêver, qui nous fascine, qui nous extirpe du néant de nos vies, une fois par semaine, voire même durant la semaine. C’est la beauté du geste, la grinta, l’épopée fantastique d’un groupe parti de rien qui gravit sommet après sommet pour se placer sur le toit du monde, l’espace d’un instant avant d’être bousculé par plus fort, par plus farouche, par plus affamé. La gloire. La sueur et les larmes. Les martyrs et les miracles. Les poteaux dans les dernières minutes, les buts venus de nulle part alors que les tribunes se vident déjà.

Leur football à eux crève d’utilitarisme. On veut gagner coûte que coûte. Un football moche et pourri accouchant d’un petit 1-0 chanceux ? Ils prennent, des deux mains, tout comme la ligne bien en évidence sur leur palmarès (« Certains veulent gagner, bien jouer, bien jouer en gagnant. Moi, je veux gagner qu’on joue bien ou mal. On se rappellera plus du palmarès que de la manière de jouer » disait Aurélien Tchouaméni). Chaque chose est jugée au regard de sa probabilité d’aboutir à un but et non plus pour le plaisir qu’il procure. Mon football à moi, c’est joga bonito et pis c’est tout. Est-ce que je veux du beau jeu avant les calculs, les analyses statistiques, les tactiques et les stratégies soporifiques ? Est-ce qu’on demande au Pape s’il veut la paix dans le monde ? Ils nous offrent la destination alors que nous voulons le voyage.

L’indigence du football moderne est un déshonneur pour les générations précédentes. Les Socrates, les Platini, les Ronaldinho, les Cruyff, les van Basten, les Maldini, les Del Piero, les Pirlo, les Ronaldo, les Eusebio, les Müller (les deux), les Baresi, les Iniesta, les Xavi, les Matthäus, les Gullit, les Modric, les Laudrup, les Ibra, les Figo, les Lineker, les Papin, les Drogba, les Cantona, les Buffon, les Sanchez, les Milla, les Valderrama, les Chilavert, les Butrageno, les Dassaev, les Bakero, les Romario, les Bebeto, les Beckham et les Giggs, les Pelé, les Maradona, les Zidane, les Beckenbauer, les Messi, les Cristiano Ronaldo, etc… (la liste est longue).

On dit que la honte va avec la colère. C’est faux. Je n’ai jamais eu honte. J’ai juste envie que ces gens disparaissent. C’est différent. Car en réalité, le football n’a pas perdu, il a été assassiné. Et quand un crime est commis, quelqu’un doit payer, même si ce n’est pas le coupable.

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