Les sports olympiques les plus improbables, version hiver

Les Jeux Olympiques de Paris viennent de se terminer sur une ribambelle de presque médailles suisses. Heureusement, dans moins de deux ans se profilent déjà les futures olympiades hivernales, qui nous souriront probablement davantage. Et comme, il y a déjà cinq ans, votre serviteur avait réalisé un article sur les sports d’été les plus improbables a avoir jamais figuré au programme de la grand messe de Pierre de Coubertin, l’occasion est trop belle de réaliser, enfin, une suite version glisse et glace.

Car, si l’été dispose d’une belle longueur d’avance au niveau sports débiles, l’hiver a quand même son mot à dire. Et on n’aura même pas besoin de rire du patinage de vitesse et de son nombre ridicule d’épreuves, ni du patinage artistique, probablement l’un des sports les plus chiants du monde, pour trouver de l’inspiration. Et, à l’instar du pendant estival, il y a des sports ridicules tant aujourd’hui que par le passé. Petit florilège.

Les sports débiles actuels

Combiné nordique

Sport olympique présent depuis la création des Jeux d’hiver en 1924 (oui, il y a pile 100 ans), est-ce qu’on peut prendre une minute pour parler de cette discipline, aussi peu suivie dans nos contrées qu’improbable ? En effet, à quel moment un mec (parce qu’au moment de la création de ce truc, dans les années 1860, il est peu probable qu’une femme fut décisionnaire en la matière) s’est-il dit que ça allait être une super idée de greffer ensemble le saut à ski et le ski de fond, deux sports déjà relativement chiants à regarder en eux-mêmes ? Surtout, quel est le rapport entre ces deux disciplines ? Oui, tous les deux se disputent avec des lames longues et plates au pied, mais même celles-ci sont bien différentes entre elles… Non, cette fusion n’a aucun sens. Cette discipline, c’est l’équivalent sportif du combo claquettes-jeans. Mais difficile de savoir ce qu’il adviendra de ce sport car Thomas Bach, le président du CIO, a déclaré il y a quelques années être peu favorable à cette compétition, du fait de son manque d’intérêt à diffuser (sans blague…). Affaire à suivre donc.

Luge à deux

Si l’épreuve de luge, historique elle aussi, ne choque personne par sa spectaculaire présence – en effet, quoi de plus instinctif même pour un enfant quand on voit une pente enneigée que de se luger -, l’épreuve de luge double est assez cocasse. Présente aux Jeux depuis les années 60, cette discipline met, comme son nom l’indique, en action un duo de lugeurs dont le but est d’aller le plus vite possible. Mais, un peu à l’instar de ce qu’est le tandem pour le vélo, cela est assez particulier, notamment esthétiquement parlant. Déjà de par sa nature car – fun fact – la luge double est une épreuve théoriquement mixte aux JO. Par conséquent, il n’y a qu’une seule course en tout, et pas une masculine et une autre féminine. Mais il n’y a toujours que des binômes masculins qui se présentent à l’épreuve. Une certaine notion de l’égalité… Ensuite, finissons par le plus évident : ça doit quand même être assez particulier d’avoir son pote qui s’étale de tout son long sur nous, sa tête nous tapant le menton et nous empêchant de voir quoi que ce soit, le tout à des vitesses vertigineuses sur un tobogan de glace. Non vraiment, c’est spécial. Et sacrément casse-gueule.

Faut quand même aimer la proximité et ne plus trop avoir d’instinct de survie pour faire ça

Skeleton

Sur nos monts quand le soleil annonce un brillant réveil, le skeleton fut bel et bien inventé par chez nous ! Enfin, chez les Romanches, faut pas exagérer. Sorte de luge mais avec la tête en avant, le skeleton est aujourd’hui bien connu, de par son aspect spectaculaire et aussi grâce à sa propension à nous faire dire « Tcheu mais c’est des grands malades c’t’équipe en skeleton quand même » tous les quatre ans. Oui, tous les quatre ans seulement car c’est typiquement la compétition dont on oublie aussi totalement l’existence entre deux olympiades. Créée, selon sa page Wikipédia, lors de « soirées arrosées » dans les Grisons, cette épreuve fut déjà olympique en 1928 puis en 1948 lors des deux éditions des JO s’étant disputées à St-Moritz, avant de devenir un sport régulier depuis 2002. Preuve du succès relatif de ce sport, de plus en plus de fédérations se créent un peu partout dans le monde, notamment celle des Bermudes. Vivement la participation du Groenland au beach-volley.

« Tcheu mais ces malades quand même »

Les sports débiles du passé

Courses de chiens de traîneaux

Oui oui, en 1932 à Lake Placid il y a eu des courses de chiens de traineaux. Alors malheureusement, les concurrents ne partaient pas tous en même temps à la manière d’une course de chars enragée sur glace, ce qui aurait été beaucoup trop cool. Presque aussi cool que le kayak cross, aka la meilleure discipline des récents Jeux de Paris. Mais on s’égare. En fait, ils devaient effectuer deux parcours chronométrés d’une quarantaine de kilomètres, lors d’une course disputée deux semaines avant les Jeux. Parce que pourquoi pas. Les attelages étaient dotés de six canidés chacun et l’épreuve comptait alors douze participants, issus uniquement des Etats-Unis et du Canada. Une certaine idée de l’ouverture prônée par l’esprit olympique. Dans tous les cas, c’est assez particulier de célébrer l’être humain dans une compète où les animaux se tapent tout le boulot, surtout lors d’un évènement voulant mettre en exergue l’effort fourni. Et si vous nous retorquez qu’aujourd’hui il y a bien de l’équitation aux JO d’été, on vous répondra que c’est tout autant ridicule, si ce n’est davantage.

Eisstock

On va pas se mentir. Si la Suisse y était nulle, regarderiez-vous le curling ? On est d’accord, certainement pas. Mais le curling, déjà sport éminemment improbable s’il en est, a un cousin un peu attardé, le Fredo Corleone des sport de visette : l’Eisstock ! Ce sport, olympique en 1936 et 1964, respectivement à Garmisch et à Innsbruck – essayez de deviner où ce truc a été inventé – comporte assez étonnamment plusieurs disciplines. La première est vraiment une sorte de pétanque sur glace, où deux équipes doivent, avec des espèces de palets de plus de quatre kilos prolongés par une longue et fine poignée verticale, se placer le plus proche possible d’un cochonnet, appelé « daube » parce que pourquoi pas, placé à l’autre bout d’une piste de glace. Bon, ça, ça va encore. La deuxième est une sorte de curling avec un autre type de pierres et moins de rounds, mais sans balai. Là aussi, ça va encore. Mais la dernière épreuve est la longueur. Donc oui, le but est simplement de lancer son palet le plus loin possible, sans espèce d’importance accordée à la précision. Le record est quand même de plus de 500 mètres, réalisé sur un lac gelé. Petit fun fact pour terminer, l’Eisstock, malgré son nom assez équivoque, se dispute également l’été, sur… du béton ! Deuxième petit fun fact pour terminer, seuls deux pays ont été médaillés à ce sport aux JO : le Brésil et les Philippines. Bien sûr que non, l’Allemagne et l’Autriche.

Notez l’élégance dans la prise d’élan

Bandy

Imaginez le foot et le hockey sur glace ayant un rapport sexuel non protégé lors d’une soirée un peu trop arrosée. Maintenant imaginez l’enfant illégitime engendré par une telle union. Voilà le bandy ! Deux équipes de onze joueurs s’y affrontent sur une patinoire ayant les dimensions d’un terrain de foot, le tout avec des crosses servant d’outils pour marquer avec une petite balle en liège orange. Les joueurs, en cas de pénalités, se font sortir quelques minutes et la règle du hors-jeu est la même qu’au foot. Ah et le gardien est le seul joueur sans crosse, devant arrêter la balle de ses mains. Et un match dure deux mi-temps de 45 minutes. Oui, c’est vraiment un pur mélange.

Ce machin a été olympique en 1952 à Oslo, où le nombre exceptionnel de trois nations étaient inscrites. Pratique pour s’assurer une médaille. La Suède, la Finlande et la Norvège, puisque c’est de ces pays dont on parle, on d’ailleurs voulu pousser le côté improbable de leur sport jusqu’au bout. En effet, chacune des trois équipes a gagné un match, ce qui a provoqué une égalité aux classement. Au jeu du goal-average, c’est donc la Suède qui est devenue l’unique championne olympique de l’histoire du bandy, devant la Norvège et la Finlande. Point sérieux, la fédération internationale de bandy s’emploie depuis plusieurs années pour tenter de remettre son bébé au programme des Jeux. C’est vrai que ça semble primordial.

C’est marrant comme le mélange de deux sports sympa ne donne pas nécessairement un sport sympa

Ski de vitesse

En 1992, aux Jeux Olympiques d’Albertville, a lieu l’une des dernières épreuve excentrique à être mise à l’essai lors d’olympiades hivernales, le ski de vitesse, aka le sport dont les participants ont le moins de second degré au monde. Votre serviteur n’a en revanche pas la prétention de mieux l’expliquer que le Sieur Yves Martin dans sa légendaire rubrique des Jeux du Cirque. On se contentera donc ici de vous informer que c’est dans le cadre de cette épreuve que le Suisse Nicolas Bochatay s’est tué lors d’un entraînement, amenant le CIO à ne pas prolonger ce sport réunissant absence totale d’instinct de survie, latex et gainage, parmi les compétitions régulières.

Pentathlon d’hiver

Oui, c’est aussi con que ça en a l’air. Vous vous souvenez du pentathlon moderne ? Ce mélange improbable entre natation, escrime, tir au pistolet, équitation et demi-fond ? Vous savez, le truc où, lors des JO 2021, une Allemande a perdu à cause d’un cheval tiré au sort (mais juste ça c’est tellement débile quoi) qui ne voulait pas sauter le moindre obstacle et où l’entraîneur de ladite Allemande a frappé de rage le canasson ? Et que du coup il est prévu que l’équitation y soit supprimée prochainement ?

Eh ben il y a un pendant hivernal à cette absurdité. Alors on vous rassure, ça ne réinvente pas la roue. On garde le tir, l’escrime et l’équitation (logique, ce sont des sports rappelant tellement l’hiver en même temps) et on met du ski de fond et du ski alpin à la place de la course et de la natation. Parce que ça aurait été bizarre de faire quelque chose de cohérent. Franchement, on vous propose un truc, on garde l’idée mais on fait tous les sports à la suite, sans se changer. Juste pour la beauté de voir des types faire du ski de fond et de l’escrime en chaussures de ski. Ah, et pour la petite histoire, ce sport était au programme des Jeux de 1948 à St-Moritz et le podium a été intégralement composé de Suédois. On a perdu le public américain ce jour-là.

Ballet à ski

Alors là, on est sur du lourd. Le ballet à ski. Tout est dans le nom. Aussi débile que ça puisse paraître, il s’agit tout simplement de regarder un zigue qui se trémousse en musique pendant nonante secondes, le tout sur des skis. C’est prodigieux. Forcément, une idée à la con pareille ne pouvait venir que d’un esprit malade aux Etats-Unis. On s’imagine d’ailleurs assez facilement la Seine Cène scène lors de laquelle un mec, fasciné par ce qu’il voit en patinage artistique, s’écrie d’un coup à son voisin de gauche dans les gradins « Mec, t’imagines, on fait la même chose mais à ski ! Avec les bâtons et tout ! » Et c’est ainsi que naquit le ballet à ski. Bon, on critique on critique, mais cette parodie d’épreuve, jugée « pas assez sportive » – no shit, Sherlock – par Antonio Samaranch, a quand même offert à la Suisse une médaille de bronze en 1988 à Calgary et une d’or en 1992 à Albertville par l’intermédiaire la superstar de cette discipline, Conny Kissling, lors des deux seules apparitions de ce truc aux JO. Enjoyez, comme on dit en 2024 :

La grâce du lamantin du Saint-Laurent

C’est donc sur ces images que ce termine ce petit tour d’horizon de ce que l’olympisme a fait de pire ces 100 dernières années. On se réjouit de voir ce qu’on va nous inventer ces prochaines années !

 

Crédits photographiques : 

Image de tête : https://pxhere.com/fr/photo/1354941

A propos Joey Horacsek 89 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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