L’Espagne frôle la narcose en cartel de finale

On a raté la Cantonale des Jeunesses Campagnardes Vaudoises pour la huitième fois consécutive (on vous laisse calculer l’âge du capitaine en sachant que ces Jeux – à boire – locaux ont lieu tous les cinq ans). Non, on n’est pas complètement Givrins, on a même une excellente excuse: le tournoi olympique de foot féminin continue avec le deuxième derby rouge et jaune le plus glamour de la galaxie juste derrière Biou-Langnau: un quart de finale opposant les championnes du monde espagnoles aux cafetières colombiennes. Non, on n’a pas dit les chaudières, la natation c’est à 400 km d’ici.

Le match en deux mots

Remontada roja.

La praline du match

Oui, on peaufine notre menu de bouchon lyonnais entre deux sorties à l’OL Vallée.

Probablement celle d’Aitana Bonmatí, quatrième et dernière artificière espagnole lors de la séance de tirs au but (4-2). Pour rester dans le thème de la gastronomie locale, la Ballon d’Or 2023 a des sacrées tripes en plus d’être munie d’un toucher de balle de velours qui a poussé notre voisin chavornaysan (on en reparle après) à la comparaison avec Xavi.

Des images saisies par le télescope James Webb depuis notre siège à l’opposé de la séance.

L’andouillette du match

Katherine Tapia. Le dernier rempart colombien faisait ses 31 ans, voire sensiblement d’avantage, samedi soir. En effet, tout projectile ou corps humain ayant l’outrecuidance d’effleurer la numéro 12 des Chicas Superpoderosas (oui, les Super Nanas, ça ne s’invente pas) conduisait immédiatement à 5 bonnes minutes passées en position horizontale à même la pelouse en attendant fébrilement les secours. Avec – par le plus grand des hasards – une nette augmentation de ce genre d’occurrence dès l’ouverture du score de l’intenable Mayra Ramírez (12ème minute) puis la présumée estocade de Leicy Santos (0-2, 52ème). Le compteur des cartons jaunes étant remis à zéro dès la fin des quarts de finale et les arbitres faisant preuve d’une naïveté confondante, autant dire que c’était open bar pour ce genre d’attitude, véritable fonds de commerce des équipes sud-américaines dans ce tournoi. Si on nous disait que Novak Djokovic avait décroché un petit job d’été comme consultant stratégique sur le continent susmentionné, on y croirait sans problème. 

La fameuse tactique dite de la protection civile vaudoise: rester au sol et attendre l’apéro.

Bref, dommage dès lors de n’être parvenue à arrêter aucun tir au but après plus de 145 minutes d’échauffement en matière de plongeon. C’est ce qui s’appelle se faire mettre au Tapia pour le compte.

Le tournant du match

Le rush solitaire de Ramirez qui aurait pu et dû se terminer sur une troisième réussite colombienne et la relégation des espoirs espagnols aux oubliettes et qui s’est au contraire soldé par un arrêt de Cata Coll (77ème) et la réduction du score adverse par l’entremise de Jennifer Hermoso deux petites minutes plus tard. Si le scénario de ce match avait été écrit par Netflix, les scribouillards californiens n’auraient probablement pas fait mieux en termes de coup de théâtre. Et on aurait probablement hurlé au cliché narratif. D’autant que la crucifixion finale du triple rideau défensif colombien est survenue à la… 97ème minute (Irene Paredes, 2-2).

Netflix se lance également dans les films de cape et d’épée dès la rentrée.

Blague à part, on retiendra quand même que la recette pour emmer… nuyer les imbattables espagnoles et leur tiki-taka version Guardiola 2008-2012 est là: construire un camp retranché dans sa zone, casser le jeu de toutes les manières possibles à l’extrême limite de la régularité (y compris les dégagements en direction de la buvette du troisième anneau de l’enceinte) et piéger la défense adverse un poil fébrile avec des contres éclairs menés par un quatuor aussi rapide que puissant et roublard (Santos-Ramírez-Paví-Caicedo).

Toute la Colombie est occupée. Toute ? Non ! Gros plan sur le camp retranché de Petibonum (à moins que ce ne soit Babaorum) avant que le gros de la troupe adverse n’ait retrouvé sa potion magique.

Oui, le foot féminin prend définitivement la même direction que son collègue masculin, il a juste une petite quinzaine d’années de retard. Non, on ne vous dira pas que ça nous met particulièrement en joie.

Le moment où on a failli rendre notre tablier (de sapeur)

Celui où on a compris que le nationalisme primaire battrait toujours le noble amour du sport. À partir du moment où il y a ne serait-ce qu’un embryon d’espoir de demi-diplôme olympique, le Français (ou le Suisse, on va pas se mentir) moyen est prêt à se taper sans broncher trois heures de tir au pigeon d’argile en double mixte suivies d’un 10’000m BMX nage libre sans guidon un dimanche après-midi ensoleillé.

Résultat des courses: 30’000 curieux de moyenne pour une France insipide (mais insipide à domicile) au premier tour contre à peu près trois fois moins (à vue de nez) un jour de venue des championnes du monde en titre accompagnées de tous les Ballons d’Or attribués depuis 2021. Cherchez l’erreur.

Le temps de zapper entre France Télévisions et l’appareil photo pour immortaliser un moment que pas grand monde n’a vu en live.

Une dizaine de milliers de spectateurs étaient donc physiquement présents au Groupama Stadium, mais on ne peut pas exactement en dire autant de leur attention. Cette dernière se trouvait plutôt au Parc des Princes pour ces supportrices américaines immergées dans la prolongation des Etats-Unis face au Japon via l’écran de leur smartphone et au Champ de Mars pour ces deux Français qui ont quand même acheté un billet de match de foot féminin pour regarder (et commenter abondamment) du judo pendant l’entier du temps réglementaire. Lunaire. D’autant que l’un des deux compères a tout bonnement quitté le stade dès la victoire finale de Teddy Riner et ses potes au mépris le plus total des prolongations et des tirs au but qui s’apprêtaient à débuter devant lui, dans la vraie vie. On en conclut donc que sa présence n’avait pour but que d’utiliser le wifi du stade et que son portable n’avait plus de batterie au moment d’enchaîner sur le match des Bleues à Nantes.

Le chiffre à la con

3. Comme le nombre d’équipes qu’on a méthodiquement suivies pendant une semaine au sein du groupe A et qui se sont toutes fait éliminer en l’espace de trois petites heures samedi. Du coup on va quand même checker ce qui s’était passé dans les autres groupes avant de couvrir notre demi-finale. 

L’anecdote

Figurez-vous que les Etats-Unis et l’Allemagne avaient dépêché pas mal de scouts dans les tribunes lyonnaises en préparation de leur prochain déplacement (on y revient plus bas). Ou alors on avait simplement affaire à un nombre inhabituel de supporters ne sachant pas lire une carte puisque Paris et Marseille, théâtres des quarts de finale qui les concernaient directement, c’est quand même pas exactement à côté.

On retiendra également cette rencontre entre deux pintes d’après-match à My Beers Meyzieu avec cette Américaine expatriée à Gland et mariée à un Fribourgeois qui nous a avoué dans un français aussi approximatif que notre capacité à résoudre une équation à double inconnue après s’être enfilé un litre de Westmalle Triple à 9,5% que le LHC avait tout de même ses faveurs face à Gottéron. On savait bien que notre casquette rouge frappée d’un Lion était un début de conversation à elle toute seule n’importe où dans le monde.

Si le match était une bière

Le jury n’est toujours pas de retour à ce sujet, on y travaille.

Et sinon dans les tribunes ?

On vous parlait des supporters américains et français quelque peu dissipés, mais il convient également de mentionner nos voisins de gauche, un couple hispano-suisse très concentré et fraîchement débarqué de Chavornay pour suivre cette rencontre. On les salue s’ils nous lisent et on espère qu’Aitana a finalement daigné passer les voir ou au moins les gratifier d’un signe de la main depuis le rond central après avoir échangé son maillot avec… la gardienne adverse ayant encaissé son tir au but vainqueur.

Quand tu es menée 1-0 et ta coach catholique tente un truc à la mi-temps.

La minute Johan Djourou

Lionel Charbonnier, c’est quelque chose. Et on ne parle pas de son glorieux passage au LS en 2001/2002, mais bien de son rôle de consultant football sur Eurosport pendant ces JO. Si vous avez raté le match précédent de l’Espagne face au Brésil, ses 40 degrés de température ressentie sur la pelouse bordelaise, sa légende du jeu sanctionnée d’un carton rouge hallucinant et ses 16 minutes d’arrêts de jeu (entre autres), on vous en conseille ardemment les highlights (malheureusement sans la voix de Charbonnier, on y vient).

Bref, notre ami Lionel, dont la seule expérience dans le foot féminin de très haut niveau est un passage comme coach aux M17 et M20 de Tahiti entre 2007 et 2009, trouvait le temps tellement long pendant que Cata Coll se faisait enduire la pommette de vaseline (non, franchement, regardez les highlights, ça vaut le coup) qu’il a décidé d’ouvrir la boîte à souvenirs à l’antenne: « Je me souviens de cette gardienne américaine, une grande blonde, très très jolie. Elle était très très bonne, très très bonne. » Il parlait apparemment de Hope Solo, effectivement teinte en blond aux environs de 2008. C’est évidemment son niveau sur le terrain qui est loué en seconde partie de phrase, même si le contexte n’aide pas des masses à dissiper d’éventuels malentendus.

On n’est plus à ça près sur Eurosport pendant cette quinzaine olympique.

La rétrospective du prochain match

On s’est complètement planté en vous expliquant le tableau jeudi dernier (oui, c’est le même lien qu’avant, mais sur un malentendu on ne sait jamais, ça pourrait faire un clic). Notre prochaine rencontre lyonnaise sera en fait le choc de ce mardi soir entre les Etats-Unis et l’Allemagne, les deux nations les plus médaillées aux Jeux, avant de retrouver le perdant face à celui de l’autre demi-finale entre le Brésil et l’Espagne (oui, encore !) pour le bronze vendredi après-midi. Même du haut de notre pauvre compréhension des tenants et des aboutissants du tableau, on pense ne pas se tromper de beaucoup cette fois en affirmant que seules les gagnantes joueront pour l’or.

– Tu penses que la pizza arrive avant les tirs au but ? – Tant que le livreur prend pas les transports publics lyonnais ça devrait le faire.

P.S. Merci à Lucía García pour son rôle de figurante cruciforme amatrice de gluten dans cet article, on espère qu’elle pourra enlever son chasuble et jouer le prochain match.

A propos Raphaël Iberg 187 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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