Décines-moi un mouton

A l’encre de Meyzieu

Une fois n’est pas coutume à CR: notre compte-rendu du premier tour du tournoi olympique de foot féminin sera très franco-français (pardon !?). Calmez-vous, c’est pas notre faute, on est à Lyon à Meyzieu à Décines-Charpieu quelque part dans l’agglomération lyonnaise et on n’a pu voir que des matches du groupe de la poule du coq A du pays organisateur pour l’instant. On vous résume tout ça avant de passer à la mort subite en direction des médailles, le tout en célébrant les 80 ans de la disparition de l’écrivain local Antoine de Saint-Exupéry ?

Le premier tour en deux mots

Scores fleuves.

Et pourtant le foot féminin est l’un des rares événements olympiques à n’avoir eu aucune velléité d’investir la Seine à un moment ou un autre cette année.

On aimerait vous dire qu’on a noblement boycotté tous les matches du Canada à cause de leur attitude scandaleuse qu’on vous résume plus bas. Las, les tenantes du titre sont la seule équipe du groupe A à ne pas avoir mis un crampon à Lyon au premier tour. Votre serviteur y étant cantonné a donc dû se résigner à s’indigner sur Twitter plutôt que dans la vraie vie, comme le commun des mortels.

La femme du premier tour

Marie-Antoinette Katoto. Deux buts contre la Colombie, un autre contre le Canada suivi d’un raté monumental seule aux 5 mètres lui-même suivi du but vainqueur adverse au bout de 12 minutes d’arrêts de jeu. À en perdre la tête ? Pas du tout: deux autres réussites contre la Nouvelle-Zélande pour porter son total de meilleure buteuse du tournoi à 5 (sur les 6 de son équipe) et la France est dans le car en quarts. La loi du Katotomat est implacable, comme dirait Christian C.

La stratégie des défenses adverses pour contrer Marie-Antoinette était pourtant claire.

L’andouillette du premier tour

Bev Priestman (virée et suspendue un an) et le reste de la délégation canadienne de soccer (dont l’équipe féminine a été pénalisée de 6 points). En même temps, avec un nom de famille pareil, qu’est-ce qui pouvait mal se passer pour cette brave Bev ? Le coup du drone déployé au-dessus de l’entraînement d’une nation aussi insignifiante dans le monde du foot que la Nouvelle-Zélande, c’était assez rigolo. Mais quand on apprend via TSN qu’espionner ses adversaires via les airs est une pratique répandue depuis des années au sein des équipes masculine et féminine à la feuille d’érable – y compris pour l’obtention de l’or en 2021 – on se marre un poil moins (ou vachement plus suivant d’où on observe la chose). Et on explose carrément de rire en entendant que Gianni Palpatine et la FIFA se félicitent d’être intransigeants avec les tricheurs.

Alors, en termes de points de pénalité, ça fait à peu près… Euh…

Le tournant du premier tour

Le moment où les complotistes à tous crins (on nous souffle que même Mirko Rochat et Jean-Dominique Michel se sont mis au foot féminin pour l’occasion) se sont rendu compte que la France, pays hôte, était dans le groupe du Canada, lourdement pénalisé au niveau comptable. COMME PAR HASARD.

Le contre-pied parfait pour nous faire croire que la qualification française n’était pas inéluctable. À d’autres !

Le moment où on a failli rendre notre tablier (de sapeur)

Les transports publics de l’Hexagone ont (une fois de plus) failli nous faire tout plaquer et rebrousser chemin dès le premier jour. Et pourtant on avait été prévoyant: départ de Lausanne le 25 juillet à 7h45, arrivée prévue à Lyon à 10h24, le tout pour un premier match ayant lieu au Groupama Stadium à 21h00. Jouable, pour le moins.

Sauf que. Sauf que, si vous êtes l’un de nos 4 lecteurs assidus, vous savez que la poisse nous colle aux basques presque autant que la malveillance et la bêtise collent à celles de JD Vance. Il n’a donc fallu que 3 petites heures au sort pour nous proposer un accident de camion sur un passage à niveau entre Ambérieu en Bugey et Lyon et nous forcer à faire un détour de… 120 bornes via Bourg-en-Bresse et Mâcon alors que nous étions à une vingtaine de minutes du but. On a vérifié trois fois, c’était nulle part sur notre grille de bingo.

On aime les vacances hors des sentiers battus.

La bonne nouvelle ? Non, il n’y en a pas. Non seulement on fait des kils en trop, mais en plus on doit changer de direction (et donc le conducteur d’extrémité du train) à deux reprises, sans compter les moments d’attente dus à notre empiètement sur les trajectoires d’autres usagers habituels de la fameuse ligne Bourg-en-Bresse – Mâcon, véritable Cossonay – Penthalaz – Chavornay local. Un incontournable.

Bon, mais ça c’est la SNCF, les transports locaux ce sera quand même autre chose.

Hein ? Ah pas de tram en direction du stade (et accessoirement de notre hôtel) avant 17h ? Ça tombe bien, il est… 13h tapantes. Bon. 3 bus différents et plus d’une heure de trajet, 2h30 à pied en bord d’autoroute ou 25 minutes en taxi pour 40 euros ? La question est vite… enfin bref, on est bien arrivé.

À ce stade, on était à deux doigts de lui en prendre une à machin.

Et franchement, ça valait le coup. La zone comprise entre Meyzieu et Décines-Charpieu, à l’est du centre-ville lyonnais est une sorte de compromis entre Etoy et une banlieue américaine: fast food-station service-motel-magasin de meubles-fast food-stade-sortie d’autoroute-fast food. Bucolique au possible.

Croyez-nous, traverser une entrée et une sortie d’autoroute à pied, c’est une discipline olympique en soi. Et entre deux, passer le pont en essayant de ne pas regarder en bas depuis un trottoir étrangement surélevé. On a le triathlon qu’on mérite.

Le chiffre à la con

3. Comme le nombre de points du Canada à la fin de ce premier tour. Mais aussi comme le nombre de victoires de Jessie Fleming et Cie. 9-6=3, le compte y est. Et avec 3 points, dans le groupe A, on termine deuxième et on se qualifie directement pour les quarts. On suggère tout de même aux Canucks de se limiter à des moyens conventionnels pour étudier leurs prochaines adversaires allemandes, pas sûr que ça se remonte une pénalité de 6 points sur un match à élimination directe.

L’anecdote

Dimanche 28 juillet. Duel assez peu attendu entre la Nouvelle-Zélande et la Colombie au Groupama Stadium. Les Colombiens sont plusieurs milliers, leurs adversaires probablement une cinquantaine en comptant deux fois ce gars en surpoids croisé à la buvette. Le total donne environ 5000 selon Le Progrès (7 fois moins que pour France-Colombie, bande de chauvins).

On se balade dans notre maillot du Angel City FC floqué du nom d’Ali Riley, capitaine néo-zélandaise habituelle et absente pour cause de blessure (quel excellent choix de notre part en plus du fait qu’il fait treize mille degrés à l’ombre et que ledit maillot est NOIR). Un gars qui débarque tout droit des Antipodes à en juger par son accent nous aborde et nous demande si on est de la famille de Riley, parce que figurez-vous qu’ils sont là et qu’il les cherche. Euh non, sorry mon pote… Effectivement, sur 50 Néo-Zélandais, dont probablement 51 proches des joueuses, pas facile de se fondre dans la masse. Et on ne parle pas du mec de la buvette.

Si le premier tour était une bière

On y réfléchit encore. On vous redit.

Oui, ce truc est juste devant notre hôtel. Idéal si on ne s’est pas réveillé à temps pour le petit déj’.

Et sinon dans les tribunes ?

Le SIR évacue une LADY.

Qu’est-ce qu’on se serait fait chier sans les supporterices colombien-nes ! De l’enthousiasme communicatif même à 0-3 à la mi-temps, des chants, des couleurs et même un début de kop qui a suffi à mobiliser pas moins de 4 agents de la section d’intervention rapide (SIR) de la police nationale pour les « parquer » et les encadrer au sommet d’une tribune. Alors que d’aucuns disent encore que le foot féminin ne rattrapera jamais son pendant masculin, on est à un train spécial saccagé, un cortège depuis la gare, quelques interdictions de stade et une poignée de billets nominatifs d’y arriver, alors hauts les cœurs !

Un kop, de la couleur et des renforts à plumes pour faire le nombre du côté des fans kiwis (assez mûrs d’ailleurs).

Et sinon hors des tribunes ?

Samedi 27 juillet, jour du fameux choc entre les U23 d’Argentine et d’Irak dans le tournoi masculin, on a appris plein de trucs. Notamment que les Irakiens adorent le foot, qu’une partie considérable de leur diaspora est établie en Allemagne et que la totalité (au moins) de ladite diaspora s’était déplacée à Décines-Charpieu pour l’occasion, dont une bonne partie dans notre hôtel. Les Argentins ? Emiliano Martinez n’était pas là alors ils n’ont pas vu l’intérêt de se pointer en nombre.

Les Argentins vont leur mettre une branlée, mais ils n’en ont kurde.

La minute Johan Djourou

Elle est sponsorisée par celui qu’on appellera Jean-Michel Angoulême (sa ville natale dont il nous a rappelé l’existence trois fois), notre voisin de droite, qui est au mutisme ce que Didier Deschamps est à la créativité et au progressisme, pendant le France-Colombie inaugural. Le fait qu’il nous ait tenu la jambe et donc empêché de nous concentrer sur le jeu pendant une mi-temps est d’ailleurs la raison principale pour laquelle on a choisi d’écrire un roman un article général sur les trois matches qu’on a suivis lors du premier tour en lieu et place d’un compte-rendu par rencontre.

Et pourtant il nous avait laissé une chance de nous défiler en initiant la conversation par un superbe “vous êtes de Bogota ?” On aurait pu répondre par l’affirmative et lui dire qu’on était là incognito pour le tournage de la prochaine saison de Narcos et le bougre nous aurait sûrement cru sur parole. Mais non, il a fallu qu’on mentionne notre suissitude. En même temps, le fameux “ah vous êtes français ?” pique toujours la moindre.

Aucune excuse pour avoir confondu notre tunique avec un maillot de la Colombie: la bière servie au stade était exclusivement sans alcool. Les 8 euros qu’il fallait débourser pour s’en offrir une avaient certes de quoi vous faire tourner la tête.

Non, suisse. Ah, de Genève ou de Lausanne ? Pas d’option C ou D. Il nous a donc fallu choisir entre les deux seules villes romandes connues au sud-ouest du Léman avant d’essuyer un assaut continu de références au sport helvétique vu d’Hexagone, le tout sans jamais reprendre son souffle histoire de ne pas lâcher son momentum durement acquis. Pas vraiment une conversation, plus une sorte d’auto-test de connaissances de niche.

Du Servette-Genève (alors que tout le monde sait que c’est le FC Servette-Genève enfin) au 28 juin 2021 (un traumatisme encore vivace à Meyzieu ses yeux, on ne cache pas notre joie) en passant par Lille 2014 (❤️), l’Euro 2025, la Nati féminine (“Elles sont faibles, non ?” Mais ta gueule), Tony Rominger et Alex Zülle, on a à peine eu le temps de se demander d’où il sortait que le FC Sion était la meilleure équipe de Suisse “aux environs de mille neuf cent quatre-vingt-seize”. D’autant que – calcul 4×20+16 effectué – c’est véridique !

Heureusement, 28 ans plus tard les temps ont changé.

Bon, pas un mot sur Wimbledon 2019, heureusement. Ça aurait été con d’être responsable de la première bagarre en tribunes de l’histoire du foot féminin.

“Nous les Français on râle tout le temps”, conclut notre nouvel ami Jean-Michel Obvious, “mais il faut bien avouer qu’il n’y a rien à redire sur l’organisation de ces Jeux pour l’instant”. Après avoir assisté à deux événements ayant eu lieu à Marseille et à Lyon avant l’ouverture officielle parisienne, le jugement avait en effet de quoi être aussi objectif que péremptoire.

Le tout avant de s’attaquer aux joviales colombiennes du rang de devant – pourtant manifestement hispanophones et occupées à deviser entre elles dans la langue d’Andrés Escobar. “Alors comme ça Bogota c’est la capitale ?” Buena suerte señoras !

Et ça, tu le savais ? Même notre passeport est en chocolat.

La rétrospective du prochain match

On s’excuse d’avance, mais pour une fois on va essayer d’être un peu informatif dans cette rubrique. Oui, c’est un mauvais moment à passer, mais tout ira bien.

On avait demandé à ChatGPT de prédire les qualifiés avant le tournoi, et notre gaillard a fait un sans-faute, ce qui est quand même un peu effrayant.

En ce qui nous concerne, on sera à Espagne-Colombie à Lyon samedi à 17 heures avant d’enchaîner sur la demi-finale entre le vainqueur d’USA-Japon et celui de France-Brésil pour finir avec le bronze (comme chaque matin). On se réjouit de vous narrer tout ça et surtout de retrouver nos potes colombiennes face aux championnes du monde !

Le nouveau rédac’ chef après avoir appris qu’il y aurait un autre article de cet acabit à relire la semaine prochaine.

A propos Raphaël Iberg 187 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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