Coutumier du fait (depuis l’an dernier et leur victoire à l’arraché, face au Lausanne-Sport, à la 93ème sur un penalty généreusement offert par M. l’arbitre la VAR), YB, champion sortant, recevait le néo-promu à domicile pour l’ouverture de la saison. 3 points faciles en vue pour l’ogre bernois face au petit poucet sédunois que tout le monde, hors Valais, voit au mieux antépénultième en mai prochain, voire barragiste, sinon relégué. Noirs présages.
Sion savait qu’on ne gagne pas à tous les coups un bras de fer contre un rouleau compresseur, alors il fallut ruser. Courber, plier, mais ne pas rompre. Endormir son adversaire et porter l’estocade au moment voulu. Éloquent fut ce FC Sion. De l’éloquence à la Cicéron. Faire exactement ce qu’il faut et quand il le faut : marquer un but de plus que son adversaire et gérer en mode agile. Les 6 minutes de temps additionnels en sont un exemple patent. Tuer les minutes restantes en monopolisant le ballon intelligemment. L’essentiel ayant été fait auparavant.
Le match en deux mots
Victoire.
28 ans que Sion n’avait plus gagné, contre YB, en championnat (et en championnat uniquement, parce que, souvenez-vous, en finaleS de coupe, …), au Wankdorf (les vrais savent).
L’homme du match
DJ Tholot.
Avec l’équipe victorieuse de la Challenge League l’an passé (à l’exception de Djokic, transfert de Vaduz), Didier a mené le bal sur 74+6 minutes contre le champion suisse sortant pendant que Patrick rahmait sur l’autre banc.
T-shirt blanc assorti à ses baskets, calme et placide, DJ Tholot a longtemps disputé le titre d’esthète du match à CC lui-même. Il ne sera finalement qu’homme du match.
La saucisse du match
J’en connais qui ont divorcé de leur cerveau mais qui n’ont pas eu la garde des neurones. Ma liste s’est allongée d’un nom, à la 59ème : Jaouen Hadjam. Deux fois la même faute, deux cartons jaunes. Bilan : le premier rouge de la saison et la fin du match en tribune. C’est fou comme certaines personnes peuvent embellir votre journée en n’étant simplement plus là.
Le tournant du match
Tous les docteurs ès football vous le jureront, c’est l’expulsion amplement méritée de la saucisse du match à la 59ème. Les connaisseurs, eux, dont je fais évidemment partie, vous diront que le vrai tournant du match est le but de YB, à la 16ème minute. À partir de ce moment-là, les abeilles ont péché par excès de confiance, orgueil et vanité, regardant les néo-promus valaisans du haut de leur morgue bouffie et affichant tout à coup une suffisance à faire pâlir un responsable des risques chez Crédit Suisse.
L’esthète du match
Christian Constantin, au micro de la RTS, après match, évoquant la victoire des siens en ouverture de cette nouvelle saison de Super League, affichant la mine d’une rock star sortant de sa piscine un lendemain de hier.
Le geste pourri du match
Le panneau d’affichage du stade qui sacre Silvere Ganvoula, remplacé à la 68ème (2 minutes après le 2ème but valaisan), comme homme du match. Soit il manquait « du côté de YB » à la mention « Homme du match » soit la mise à jour du panneau d’affichage vers la saison 2024/2025 n’avait pas encore été réalisée, rendant impossible la publication du nom d’un joueur visiteur.
Le chiffre à la con
42. 42 matchs sans victoire sédunoise à Berne en championnat contre YB. La 43ème fut (enfin) la bonne.
L’anecdote
Redisons-le : Sion n’avait plus gagné à Berne contre Young Boys en championnat depuis 1996. C’était la dernière fois que Sion était champion, ajoutant, cette même année, une Coupe de Suisse, la 3ème de rang. Barthélémy Constantin avait un an. Le Wankdorf avait encore ses deux tours mythiques et on pouvait y mettre 50’000 personnes.
28’366 personnes se sont massées, ce 21 juillet 2024, dans les tribunes du Stade de Suisse, en plein mois de juillet, à l’heure du café chez maman pour le dîner du dimanche, après le rôti et la purée de pommes de terre. 28’366, soit 3 fois plus qu’une bonne affluence au stade de la Praille, sur les 15 dernières saisons.
Si le match était une bière
Elle ne pourrait être autre que celle qui a douché, par deux fois, les supporters valaisans du bloc B lors des réussites sédunoises. On ne connait pas son nom, mais trois choses sont sûres : elle colle dans les cheveux, laisse un odeur âcre même sèche et crée la bonne humeur.
La minute Johan Djourou
Au stade pour le match, je vous laisse lâcher, en com’, vos minutes Johan Djourou à vous.
Le pronostic d’avant-match
Pour une fois, notre pronostique a failli. YB était grand favori pour ce match. Le vainqueur de la SL contre le vainqueur de la ChL qui venait en capitale avec une équipe même pas remaniée, même pas renforcée, voire même un peu diminuée, pour cause l’absence de son capitaine XXL Reto Ziegler. Rien ne laissait présager autre chose qu’une 37ème défaite pour les rouge et blanc.
C’était sans compter sur l’homme du match et la saucisse du match qui, à eux deux, ont fait mentir un indice ADOLF. La glorieuse incertitude du sport.
Soyez le premier à commenter