POR-FRA: rien à déclarer !

Quand tu dois faire appel au rédacteur hockey-tennis-foot féminin pour couvrir un quart de l’Euro masculin pourtant idéalement agendé un vendredi soir à 21 heures (qui a une vie ?), c’est que tu es vraiment dans la merde. Lorsqu’il s’agit en plus du fameux Derby Castello-Lopes forcément chargé en football champagne, c’est carrément une faute professionnelle. C’est un peu comme si tu titularisais un attaquant de Ludogorets et un milieu de Bologne pour un match capital ou si tu demandais à un ailier de jouer piston. Bref, autant espérer un golazo de la part d’un gars exilé dans le Midwest. De la folie pure. Le temps d’apprendre les noms de ceux qui composent les deux XI aux prises à Hambourg et de vérifier qu’on est bien toujours 848ème au classement des pronos de la RTS et 1’682’636ème à celui de Fantasy Football sur le site de l’UEFA et on est à vous.

Le match en deux mots

FRA-POR évidemment.

D’ailleurs Yoda a dit un jour: « Le maximum tu FRA-POR trouver des jeux de mots. » Alors allons-y:

  • le FRA-POR de force entre les vingt-deux défenseurs en présence était assez équilibré.
  • à qui Didier Deschamps FRA-PORter le chapeau en cas de défaite au prochain tour ?
  • Gabriel Attal a-t-il rendu son FRA-POR de stage de courte durée en entreprise à Matignon avant le début du match ?

L’homme du match

Pour le plus grand plaisir du RN, on va vous parler d’un binational. En effet, le Franco-Portugais Antoine Griezmann… mais non, on déconne. Il a été transparent, comme d’habitude.

On ne sait pas s’il est officiellement binational, mais on préfère vous parler de Rafael Leão, né à Almada d’un père angolais et d’une mère ressortissante de São Tomé-et-Príncipe. Virevoltante sur son aile gauche, à l’instar de Keir Starmer la veille, la star dilettante de l’AC Milan a failli nous arracher un sourire à plus d’une reprise, c’est vous dire son impact.

On pourrait également mentionner Mike Maignan (né en Guyane d’une mère haïtienne et d’un père guadeloupéen), lui aussi locataire de San Siro à ses heures perdues. Ses arrêts décisifs sur Bruno Fernandes (61ème minute) et Vitinha (64ème) ont sauvé la vie de nombreux bookmakers en offrant à ses couleurs le droit de bétonner 30 minutes de plus. Randal Kolo Muani (ça commence à devenir une habitude, 66ème), Eduardo Camavinga (70ème) et Ousmane Dembélé (74ème) ponctuaient le seul quart d’heure supportable de ce duel par les fameuses FRA-POR du cadre dont ils ont le secret.

Quid de Théo Hernandez (qui a passé une bonne partie de sa jeunesse en Espagne), autre Milaniste émérite et tireur du penalty décisif pour la qualification française pour les demi-finales sans marquer un seul but dans le jeu ?

Personne n’est toutefois parvenu à faire mieux que Michael Oliver, arbitre tristement mononational de son état, auteur du geste technique le plus abouti et le plus impressionnant du match peu avant l’heure de « jeu » (sic): le lâcher de carton jaune en pleine course.

Image exclusive de notre caméra embarquée sous le splendide masque de Kylian Mbappé (avant de se prendre le ballon sur la narine droite). Difficile d’obtenir le titre d’homme du match dans ces conditions.

La saucisse du match

Ou plutôt un croissant. Cette pathétique tentative de déstabilisation de la chatte de Deschamps de la part de la diaspora portugaise à Paris:

On raconte que les bolas de Berlim ont particulièrement la cote pendant cet Euro et remplissent un nombre considérable de Diogo bags.

Le tournant du match

Le moment où la municipalité de Paris a déclaré à L’Equipe qu’« il n’est pas prévu par la Ville de retransmission de la finale de l’Euro masculin de football dans l’espace public parisien; notamment du fait que le 14 juillet, jour de la finale, la Ville accueillera, au même moment, la flamme olympique ». Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’y a d’ailleurs aucune fan-zone mise en place dans les grandes villes de l’Hexagone pour cet Euro. Dès lors, la tactique du somnifère proposée par DD s’explique aisément: à quoi bon tenter de proposer du spectacle puisque personne ne nous regarde ? 

L’esthète du match Les esthètes du tournoi

Il fut un temps où il y avait des trucs à absolument éviter en termes de coiffure:

Ce temps est révolu. D’ailleurs quand on parle de « match des coiffeurs » lors de la dernière journée de la phase de groupes, c’est vraiment le cas de le dire.

On parle beaucoup de nez cassés dans cet Euro, mais que dire du danger encouru par des oreilles aussi esseulées ?

Pas étonnant que les agressions sur coiffeurs soient en forte hausse dans les environs de Goodison Park.

Ce n’est pas à Wimbledon qu’on se permettrait ce genre de pitrerie capillaire.

Le geste pourri du match

Celui de L’Equipe, qui a parcouru « les routes du seum » pendant quatre jours sur une pleine page avant le huitième contre la Belgique. Tout ça pour que sa deuxième équipe favorite (après le PSG) se qualifie pour les quarts (et même les demies donc) par l’unique grâce du fameux CSC, meilleur buteur de cet Euro, et d’un adversaire qui déteste son métier (jouer au football) encore plus qu’elle. Il est plus que temps que la Roja envoie nos fonctionnaires à des vacances trop longtemps repoussées.

Vivement 2030 et la grande procession sur les routes du Xanax avec ceux qui auront survécu à cette purge.

Les chiffres à la con

2. Comme le nombre de secondes qu’il a fallu à Philippe Diallo pour décider d’accepter la requête de Paul Pogba qui désirait une invitation pour France-Belgique. « Cela me paraît naturel de répondre favorablement à une telle demande », s’est justifié le président de la FFF dans les colonnes de L’Equipe. Naturel, un peu comme le régime pharmaceutique de la Pioche (qui continue de creuser), suspendu 4 ans pour dopage.

50. Comme le nombre de coups francs directs manqués par CR7 ? Pas du tout ! Il en a manqué 59 (sur 60, comme vous l’avez appris ici l’autre soir à une heure indue) dont 34 (sur 34) à l’Euro et 6 cette année avant la rencontre qui nous occupe (dont 4 contre la Slovénie). Ce ratio de 1,7% nous fait penser que l’acharnement thérapeutique a ses limites. Serait-il temps pour Gonçalo Ramos ou Diogo Jota d’invoquer le 25ème amendement si cher au Parti Démocrate ces derniers jours et de prendre sa place en pointe ?

Non, ce fameux 50, c’est tout bonnement la durée approximative en secondes de A Portuguesa, l’hymne national lusitanien. Pourquoi diable vous parle-t-on de ça ? D’abord parce que c’était les 50 meilleures secondes de cette atrocité que l’histoire retiendra sous le nom de « match de football » (sic) et ensuite parce qu’apparemment ledit hymne a quelques relents de plagiat d’un de ses collègues qu’on a aussi entendu au Volksparkstadion…

On notera encore que Roberto Martinez s’est fait un point d’honneur d’apprendre l’hymne de sa contrée d’adoption. Ben oui, quand ton hymne national n’a pas de paroles tu apprends celui des autres.

L’anecdote

Comme on s’est quand même souvent ennuyé pendant cet Euro, notamment en suivant les matches des deux équipes qui nous occupent, on a eu le temps de finir Fever Pitch (1992), chef d’œuvre autobiographico-sportif de Nick Hornby, immense fan d’Arsenal devant l’Eternel. On y a appris l’existence d’un certain Augustus « Gus » Caesar, défenseur des Gunners entre 1984 et 1991. Comme ses parents avaient un humour assez impérial, son deuxième prénom est d’ailleurs Cassius, histoire de compléter un véritable triumvirat de l’étrange en termes de blase. Né à Tottenham (!) en 1966 (!), il était prédestiné à devenir un super-sub pour l’ennemi héréditaire du nord de Londres, surnommé « the five-minute man » au faîte de sa carrière qui se terminera en queue de poisson aux Hong Kong Rangers en 2002 après être passé par la cinquième division anglaise. Bref, on lui consacrera peut-être un article un jour.

On a conscience qu’on a un peu franchi le Rubicon en ce qui concerne la pertinence dans cette rubrique. Nos plus plates excuses, le but n’était pas de vous poignarder dans le dos, cherères lecteurices.

Si la lecture n’est pas votre tasse de thé, notre belle Helvétie cherche des solutions pour tuer (le temps) pendant ce festival de la neurasthénie qu’est l’Euro.

Si le match était une bière :

Non seulement elle est française (et vraiment pas terrible), mais en plus elle nous rappelle la date de naissance du… euh enfin de Pepe, ainsi que son style de jeu. Oui, on sait, il n’a pas commis de faute du tournoi avant la 25ème minute de ce quart de finale, mais c’est pas notre faute si la vue des arbitres baisse.

La minute Johan Djourou

On a un très bon pote qui bosse au service de sous-titrage de la RTS (page 777 du télétexte si vous êtes assez vieux pour savoir ce qu’est le télétexte et donc potentiellement aussi un peu dur de la feuille). On a toujours une pensée pour lui quand ce brave Johan commence une phrase dont Dieu lui-même ignore la conclusion ou quand il se met à hurler sans raison apparente.

Un an de moins que Pepe cette année ! 🍾

Sur le plateau de la RTS, Stefan Renna est chaud d’emblée: « On est curieux de voir la composition et l’animation de Didier Deschamps: » « Animation » et « Deschamps » dans la même phrase, il fallait oser. Répéter cette association aussi improbable qu’une participation de Joe Biden à la finale du 3000m steeple cet été à Paris à plusieurs reprises comme l’ont fait le tandem Cédric Moret – Léonard Thurre, c’est carrément de la provocation. En plus on déteste les oxymores de répétitions.

Le reste résume nos idées noires tout au (très) long de cette partie.

Thurre: « Honnêtement je pensais qu’il y aurait un vrai duel… » (OK, il parlait d’un affrontement entre Mbappé et Cancelo en début de match, mais ça s’applique à l’entier de ce pensum) 

Moret (après avoir exprimé son soulagement d’avoir atteint la fin du premier quart d’heure sans mourir d’ennui): « On sait qu’il y a pas mal de gens qui critiquent la beauté, entre guillemets, du jeu français… » Oui, en effet. Et… ? En même temps on ne sait pas trop à quel genre de festival offensif il fallait s’attendre entre le pays des maçons et celui du fameux barrage à l’extrême droite. Bref, entre les joueurs, les supporters et les autres suiveurs français, le seul qui est épaté, c’est le nez de Mbappé.

À la mi-temps, comme on n’a rien à raconter, on parle chiffres. On relèvera quand même que Renna a bien souligné qu’il s’agissait de foot masculin en mentionnant les records de Ronaldo (6 Euros, 130 buts en équipe nationale). Précision ô combien nécessaire, car chez les dames, cinq joueuses ont dépassé ce total passablement médiocre: Christine Sinclair (Canada, 190 buts), Abby Wambach (USA, 184), Mia Hamm (USA, 158), Maysa Jbarah (Jordanie, 137) et Carli Lloyd (USA, 134). En revanche, aucune femme n’a disputé 6 Euros, mais Birgit Prinz en a joué 5 avec l’Allemagne entre 1995 et 2009 et… les a tous gagnés. Vous en aurez appris des choses plus ou moins utiles aujourd’hui !

La conclusion de cette rubrique appartient à Léo Thurre, qui s’écrie à la 79ème minute: « Est-ce qu’une des deux équipes aura l’ambition de remporter ce match avant la fin du temps réglementaire ? C’est la vraie question… » Oui, c’était la vraie question dès la première seconde à vrai dire. On en connaît même un qui aurait dit qu’elle était vite répondue.

Quoique. Finalement, la vraie question est peut-être celle que pose un Moret proche de l’apoplexie à la 103ème minute: « À qui profite le crime, Léo ? » Léo ne répondra pas, mais lâchera quelques minutes plus tard un lunaire « Moi, ce qui m’intéresse, c’est le panache ! » Bon OK, on en a entraperçu un peu au cours de la séance de tirs au but, c’est déjà ça.

Le pronostic d’avant-match selon l’indice ADOLF (Average Deluxe Omniscient List of Football)

On nous souffle que les deux équipes auraient été classées respectivement première et première si on avait utilisé l’indice ANTONIO DE OLIVEIRA et son homologue JEAN-MARIE. On précise encore une fois que le fait que ces initiales forment des prénoms ne sont que le fruit d’un (sale) hasard.

Etant donné que le Portugal a remporté une victoire morale (à défaut de triomphe matériel), notre indice continue son sans-faute.

A propos Raphaël Iberg 187 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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