Freuler de gloire !

C'est un beau Remo, c'est une belle histoire.

Un huitième de finale d’une grande compétition. Un latéral droit titulaire absent. Un adversaire récemment titré champion d’Europe. Voilà qui ne nous rappelle pas que des bons souvenirs. Au moment d’aborder ce choc face à l’Italie, on aurait bien voulu être dans la tête de Murat Yakin (aïe !). « SUI – ITA ligne de conduite ! » a sans doute dû lui souffler son petit démon, pour lui faire comprendre qu’il devait laisser parler son génie et tenter un coup comme face au Portugal il y a deux ans. Quitte à faire un truc de zinzin, sortir quelque chose de vraiment Zuber de son chapeau et aligner un type sur le flanc droit défensif dont ce n’est absolument pas le poste. « Contini comme ça ! » a tenté de le raisonner son petit ange, comme pour lui remémorer qu’il ne fallait pas tout bouleverser maintenant et qu’il était plus judicieux de remplacer Widmer par le seul joueur du groupe qui bénéficie plus ou moins de l’étiquette de latéral droit, à savoir Stergiou.

Évidemment, c’est le diablotin qui a pris le dessus. Mafia, c’est comme ça. Il ne changera jamais le Yakin. Il préfère mourir avec ses idées. C’est donc Dan Ndoye qui a dû s’y coller sur le côté droit de la défense. En découvrant la composition d’équipe une heure avant le coup d’envoi, on s’est pris la tête entre les deux mains en jurant, comme on l’avait fait lors de la première rencontre en apprenant les titularisations de Duah et Aebischer. Mais dans cet Euro, Murat a tout juste. Et Ndoye a sorti un match monstrueux, comme tout le reste de l’équipe. Je suis sur le cul, sans voix. Merci à notre chère Nati de nous faire rêver. Merci à Yakin. Et je pensais jamais dire ça un jour.

Le match en deux mots

Orage, ô désespoir !

Voilà comment j’avais prévu de résumer ce match, au vu des prévisions météorologiques et de mon pronostic assez défaitiste (oui, j’ai honte).

Mais il n’en a rien été. La Suisse a été grandiose. L’Italie inexistante. La Nati botte la Squadra azzura hors de l’Euro. La croix et la manière.

Alessandro Buongiorno n’est pas entré en jeu, il est donc l’heure de dire arrivederci. Oui, à Berlin ce sont les Italiens qui ont les boules.

L’homme du match

Impossible de sortir un seul joueur, ce serait faire injure au reste de l’équipe. De la première à la dernière seconde, tout le monde a tiré à la même corde, en exerçant un pressing de zinzin, en gagnant tous les duels et en y mettant une intensité du tonnerre. La Suisse n’a pas eu peur de se projeter vers l’avant et les situations avec 4 ou 5 joueurs rouges dans les 16 mètres de Donnarumma ont ainsi été nombreuses. En même temps, avec une telle solidarité et une telle solidité, tu peux te le permettre. Akanji bonifie et rassure. Fabian a été impérial, malgré une jolie frayeur qui a failli déboucher sur un sinistre (Schär Mobilière, j’ai voulu faire une tête en retrait…). Rodriguez a été tout sauf guez, après un match compliqué contre l’Écosse. Et Sommer… il jouait en fait ?

Le milieu de terrain a été magnifique. Xhaka, Freuler, Ndoye et Aebischer, chacun a apporté sa pierre à l’édifice et a abattu un travail monstrueux, autant défensivement qu’offensivement. Ils ont mangé Spaghetti, euh pardon Spaletti, et ses hommes en prenant la peine de les découper au couteau et à la fourchette.

Sur le front de l’attaque, Rieder, Vargas et Embolo ont mis à mal la fébrile défense italienne. Dépassés et pris de vitesse, Bastoni et ses coéquipiers ont souvent dû s’en remettre aux coups et aux fautes grossières pour arrêter les offensives helvétiques.

Un mot sur le coach finalement ? Yakin : y a carton ! Pas besoin de coup de sac donc. La RTS y a même été encore plus fort en le surnommant modestement : Yaking.

La saucisse du match

Alors c’est ça les champions d’Europe en titre ? De la poudre de Berlin-pinpin, oui ! Honnêtement, les Italiens étaient tellement amorphes et sous le choc qu’on aurait dit qu’ils affrontaient une pizza à l’ananas.

Au final, ils se sont fait tourner comme une vulgaire pâte à pizza :

Murat Yakin en action.

À noter encore que les supporteurs italiens, suite à cette élimination, n’ont pas réussi à canaliser leurs émotions. Fâchés, ils en sont même venus à lancer des boules de mozzarella par-dessus l’enceinte du stade qui accueillait le match du soir entre l’Allemagne et le Danemark.

Le tournant du match

Akanji pense, c’était écrit dans le Manuel de cet Euro 2024 que la Suisse devait défier l’Italie en huitième de finale.

Ce but de Füllkrug à la 92ème minute qui propulse la Nati à la seconde place du groupe A, était-ce vraiment un hasard ?

Et cette égalisation de Zaccagni à la 5’880ème seconde de jeu, face à la Croatie, qui assure la 2ème place à la Squadra Azzura, une coïncidence ? Je ne crois pas.

Tout ça pour permettre à Murat Yakin de montrer au monde entier que c’est un génie et qu’il en a dans le calzone. On dit souvent qu’il n’y a qu’un pas entre le génie et la folie. Je ne sais toujours pas à quel monde il appartient.

L’esthète du match

L’Italie est le pays de la mode, du style et de l’élégance. Il aurait donc été logique de mettre un Italien dans cette rubrique. Mais non, il est temps de rendre hommage à notre Casanova à nous. Oui, je parle bien évidemment de Murat Yakin. Le seul. L’unique. Le vrai esthète. Le fin romantique.

« Et je fais parfois mes compos avec ChatGPT » a-t-il ajouté, un petit sourire en coin.

Le geste pourri du match

À deux jours du match face à l’Italie, en bon travailleur acharné qu’il est, Murat Yakin était à fond sur la préparation du huitième de finale.

Une stratégie payante ! Donc s’il te plaît Murat, avant le quart de finale, fais un petit golf, passe au salon de massage, va faire mumuse au casino, teste quelques attractions à Europa-Park, mange une bonne Currywurst et descends-toi une Mass.

C’est comme ça que tu es le meilleur. Toute la Suisse pourra ainsi aborder ce quart dans la sérénité la plus totale.

Le chiffre à la con

196.

Comme le QI de Murat Yakin. Quand même, nous faire croire pendant 3 ans que t’étais nul, fallait oser.

Non, en vrai, c’est surtout la taille en centimètres du gardien Donnarumma. Soit 13 centimètres de plus que Sommer. Mais il paraît que c’est pas la taille qui compte. Et surtout, ça n’a servi à rien sur la frappe monstrueuse de Ruben. Viva las Vargas !

L’anecdote

Est-ce qu’il vaut mieux avoir dans son équipe un chat ravi ou un chat qui rit ?

Au vu de l’impact d’El Shaarawy, sorti à la mi-temps, on opterait pour la seconde option. Et si on peut se priver de Shaqiri, c’est plutôt bon signe.

Si le match était une bière

La Peroni, bière italienne qui ne casse pas trois pattes à un canard. Mais qui peut te casser en deux si tu en abuses. Comme l’Italie ce soir. Ou comme le tibia-Peroni de Djibril Cissé.

La minute Johan Djourou

En présentation d’avant-match, il a fallu passer par l’habituelle séquence des pronostics. Yves Débonnaire, très pragmatique, s’est pris pour Olivier Minne et a lâché un : « Il faut sortir de là ! ». Il manquait juste Passe-Partout et on se serait cru à Fort Boyard.

Chaud comme la braise, Pierre Poullier a ensuite comparé Murat Yakin à Hannibal Smith de l’Agence tous risques, à la mi-temps, avec cette phrase qui peut être attribuée aux deux acteurs : « J’adore quand un plan se déroule sans accroc ! ».

Dans l’enchaînement, la réclame a été lancée. Avec cette pub de Salt. qui s’exclame : « C’est presque trop beau ! ». Il n’y avait pas mieux pour résumer notre état d’esprit.

Toujours à la pause, Poullier a ensuite lâché : « Sans Donnarumma, ça peut être 3-0 à la mi-temps ! ». Ah bah c’est clair que c’est plus facile sans gardien.

David Lemos n’était pas non plus en reste, au point de s’enflammer et de déclarer : « Pirlo, aujourd’hui, il est Suisse et il porte le numéro 10 et le brassard de capitaine ! ».

On a encore apprécié les rires étouffés en bruit de fond de Lemos et Djourou au moment d’annoncer l’entrée en jeu de Renato Steffen.

Le pronostic d’avant-match selon l’indice ADOLF (Average Deluxe Omniscient List of Football)

Hakan le retour de Murat aux côtés de son frère sur le banc du FC Chomdu ? Notre indice ADOLF était formel. Le paramètre de l’entraîneur passé par le FC Schaffhouse devait être fatidique et la Nati aurait dû être éliminée sans gloire. Et oui, même notre indice a été déboussolé par les choix tactiques du petit génie à lunettes. On lui pardonne, ce n’est pas le seul.

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