L’affiche était pourtant haggisheuse…

Depuis 1’000 jours je ressasse qu’on perd à cause de Yakin. Maintenant que depuis deux matches on fait des points, je ne peux pas prétendre qu’il n’y est pour rien.

Donc je me suis trompé. Murat a en fait caché son jeu en nous ridiculisant pendant deux ans, pour mieux remporter l’Euro cette année.

Admettons. Mais il y a encore du taf…

Le match en deux mots

Couci-couça.

L’homme du match

C’est incroyable le basculement à 180 degrés qui s’opère en première mi-temps concernant Shaqiri. Ses 25 premières minutes sont catastrophiques, il ne rentre pas dans son match, il commet trois pertes de balle, et il tire un corner de merde en deux temps, qui en plus d’être un pléonasme est à l’origine du goal écossais.

Et à la 25^ème il plante un goal d’extraterrestre sur un ballon qui n’est même pas vraiment une occasion, puis il fait tout juste jusqu’à la mi-temps.

La statistique est donc là : en 2014, 2016, 2018, 2021, 2022 et 2024, il dispute à chaque fois le Mondial ou l’Euro, et à chaque fois il marque au moins un but. Et en 2014, 2016, 2018, 2021, 2022 et 2024 je le critique à chaque fois, et à chaque fois il me ferme la gueule.

Vivement 2026.

La saucisse du match

Moi.

J’étais tellement défaitiste au sujet de cette équipe avant le tournoi que je viens de perdre 300 frs de paris (j’avais pronostiqué que la Nati ne ferait pas plus de 3 points au premier tour).

Mais je ne vais pas bouder mon plaisir : voilà les 300 frs que j’ai eu le plus de plaisir à dépenser depuis ceux que j’avais versés à Matt Moussilou pour avoir pété la gueule de Rüfli, mais ça date.

Ceci dit, cette Nati est vraiment sur une ligne de crête, et elle donne l’impression de pouvoir retomber à tout moment du mauvais côté. Samedi dernier après 60 minutes abouties, elle a laissé une Hongrie transparente réduire le score et revenir dans le match, et hier on l’a vue s’arcbouter plusieurs fois en défense contre des Ecossais au schéma de jeu très limité, dépourvue d’idée pour se sortir de la situation, jusqu’à être sauvée par le poteau peu après l’heure de jeu. Certes, elle s’est créée quelques occasions, mais j’ai eu la désagréable impression qu’elle a plutôt joué le nul, et ce quasiment depuis cette égalisation de Shaqiri venue d’ailleurs.

Le tournant du match

Le tournant de 2024, c’est la paix des braves signée entre Xhaka et Yakin. Après les déclarations fracassantes du premier au sujet de la qualité des entraînements, les errements tactiques perpétuels du second et tous les signes de mauvaise humeur de part et d’autres, et devant l’inéluctabilité de leur collaboration, ils ont décidé de se serrer les coudes et d’aller de l’avant. Et c’est probablement arrivé car Granit, après avoir tant essayé de faire passer son message, s’est rendu compte qu’il n’arriverait pas à pousser Murat vers la sortie.

Mais j’espérais que cette nouvelle entente contiendrait un peu Yakin dans son besoin incessant de montrer au monde quel génie absolu il est, et le fait que la composition de l’équipe contre la Hongrie ait surpris jusqu’à Xhaka himself, selon son propre aveu, ne me tranquillise pas.

Parce que tu peux probablement faire un « coup » contre la Hongrie, voire contre l’Ecosse. Mais si tu fais le couillon contre l’Allemagne, tu t’exposes à un sacré retour de flammes, comme la dernière fois contre le Portugal. Et je ne suis pas certain que Yakin ait retenu la leçon.

L’esthète du match

J’aime mieux voir la Suisse jouer dans son maillot blanc, comme hier, que dans sa tenue classique, comme samedi contre la Hongrie.

Mais c’est surtout parce que j’ai du mal à imaginer qu’une cuissette grenat puisse ne pas leur refiler un cancer des couilles.

Le geste pourri du match

En 36 matches, Yakin n’a jamais aligné deux fois de suite la même équipe. Alors essayer de deviner sa composition à l’avance devient aussi complexe que d’organiser un congrès de ceux qui oublient leurs rendez-vous.

Cette fois ça a été le remplacement de Duah par Shaqiri, et bon, au vu du scénario je ne dis plus rien (je signale quand même que Ndoye aura joué dans trois rôles différents lors des trois derniers matches, mais comme Yakin est devenu un sorcier aux yeux de tous, je suppose que ça passe crème).

Au passage, vous avez vu ? Je n’ai pas fait un seul jeu de mots foireux avec Duah. Profitez-en, c’est Kwadwo.

Le chiffre à la con

J’entends régulièrement, au gré des tirages au sort, que les équipes britanniques conviennent bien à la Nati. Du coup j’ai sorti la stat : en 83 matches joués contre l’Angleterre, le Pays de Galles, l’Ecosse et les deux Irlande, la Suisse a gagné 23 fois, pour 42 défaites et 18 nuls.

Donc la prochaine fois que quelqu’un me dit « Ah c’est chouette qu’on tombe sur l’Irlande, le foot britannique nous convient bien », je répondrai « C’est une hypothèse qui vous honore », pour reprendre une formule consacrée.

L’anecdote

Les deux seuls buteurs de l’Ecosse à cet Euro sont l’Allemand Rüdiger et le Suisse Schär. Et comme historiquement aucun joueur écossais n’a jamais planté plus d’un but à l’Euro, ils sont co-meilleurs buteurs de la sélection dans cette compétition.

Si le match était une bière

À Skara Brae au nord de l’Écosse, sur des sites remontant au Néolithique, on a retrouvé trace d’une bière à l’orge remontant à plus de 5 000 ans.

On est donc dans un pays de traditions, et ça concerne le foot également : de fait, ça fait 150 ans qu’ils jouent de la même façon (le premier match international de football de l’histoire a opposé l’Ecosse à l’Angleterre en 1872. L’Ecosse joue déjà ce match de manière ultra-défensive pour l’époque, en 2-2-6 contre l’Angleterre qui évolue en 1-1-8 – et le plus beau c’est que c’est véridique).

La minute Johan Djourou

Juste après le poteau touché par les Ecossais, Lemos rappelle à tous les quadras leurs cours d’allemand selon la méthode Vorwärts en s’exclamant « Was für ein Krimi ce soir à Cologne ! »

Du coup j’attendais qu’il place aussi « Ich heisse Hans Schaudi und Lumpi ist mein Hund » ou qu’il se mette à fredonner « Warum ist die Banane krum ? », et j’ai été bien déçu qu’il ne le fasse pas.

Mais je pense que c’était par respect pour Djourou, qui a déjà bien du mal avec le français.

Le pronostic d’avant-match selon l’indice ADOLF (Average Deluxe Omniscient List of Football)

Selon notre indice qui va de 332 points à zéro, l’Ecosse termine juste devant la Nati avec 5 points d’écart, donc on peut dire que le match nul était dans l’ordre des choses.