Huit matches pour se faire plaisir

Victoire, nul, défaite, nul, victoire… Dire que le LS est inconstant relève de l’évidence. Ainsi, le supporter passe par tous les états d’âme. Le probable maintien du LS viendrait-il du fait que les trois équipes à l’agonie en LNB (Gossau, Locarno et Servette) sont clairement en deçà des autres ? Il n’y a pas que ça…

Il faut bien reconnaître que le Lausanne-Sports avait habitué ses fidèles à fonctionner par série, quand ce n’était pas carrément par spirale. Des mois à 12 points, suivis de longues semaines de défaites, puis un retour de flammes, et caetera… Cette saison, les pronostiqueurs sont à l’agonie. Une seule fois, lors des deux premiers matches de la saison, le LS a aligné deux succès de suite. Et une seule fois seulement deux matches nuls… réguliers comme un parcours de grand huit, aussi plats que le cours de l’action UBS ces derniers mois, paisibles comme un week-end à Gaza, la saison du LS n’a été qu’alternance de hauts et de (nombreux) bas.

Malgré des résultats en dents-de-scie-à-qui-il-manque-deux-dents-sur-trois, les Vaudois n’ont jamais été ni réellement menacés, ni complètement à l’abri de la relégation. Et pour cause : depuis Noël et sept matches, la hauteur de la barre n’est montée que de quatre points… Dans ce contexte, faire trois points chez l’avant-dernier vaut presque de fait le maintien.

Pourtant, cette rencontre au Lido était lourde d’incertitude : des blessés (le gardien Favre, 1890 minutes sur 1890 dans les cages en championnat – Antoine Rey, qui manque tellement comme milieu défensif – Mauro, dont on attendait qu’il dynamise l’attaque et qui s’est cassé le bras tout seul lors du camp en Tunisie…), un suspendu (Balthazar, vraisemblablement le seul joueur capable d’endosser le rôle de meneur de jeu), et en plus un changement d’entraîneur au Tessin juste avant la rencontre… On sait bien que le choc psychologique ne peut plus fonctionner en Valais, ce serait trop facile en consommant sept entraîneurs par année, mais à Locarno, quid ?

Il y aura exactement treize supporters du LS pour former le groupe dans les gradins du Lido. Chiffre déprimant, inexplicable pour un samedi après-midi, même en comptant les fêtes de Pâques, la concurrence du LHC, la saison à peine moyenne et tout le reste. Bref, quand tu es président du BWFK dans ces moments-là, tu es précisément président de pas grand-chose, c’est une bonne leçon d’humilité.

Le match n’en sera pas moins intéressant. Rien qu’en première mi-temps, le LS s’est créé plus d’occasion que lors de ses trois derniers matches réunis, Locarno n’étant pas non plus en reste. Techniquement inégal, le spectacle restait agréable. Et il aura finalement fallu attendre que Locarno commette une erreur aussi grossière que Diogo à Thoune pour que nous passions l’épaule : un ballon perdu au milieu de terrain arrivait sur Boughanem, qui armait une merveille de missile, croisé, lobbé, puissant et précis dans la lucarne opposée. Celui-là même que Jacques Schwab, du Matin, a décrit comme un «tir du dimanche», dans la grande tradition de journalisme pointu de cette gazette de caniveau.

Quelques minutes après, une passe en retrait trop mollassonne d’un Locarniste permettait à Hélin de réaliser un vrai geste d’attaquant (après son goal juste splendide contre Winterthour) en interceptant le cuir et en partant dribbler Di Benedetto. La charge émotionnelle de ce goal, son côté libérateur, toute la frustration qu’il a permis d’évacuer le classe directement en bonne place dans mon hit-parade, quelque part entre ma première érection en regardant Sophie Marceau dans La Boum et le jour où j’ai appris que j’étais réformé à l’armée.

Le troisième et dernier goal a gracieusement été offert par la maison, et permet au LS de s’imposer pour la seconde fois en un mois 0-3 à l’extérieur. Voilà qui nous permet de respirer et d’appréhender la fin de la saison avec un peu moins de pression. Certes, la marche pour l’accession en LNA est encore longue, puisque nous avons 28 points de retard sur Lugano à 8 matches de la fin, mais la barre à treize points ne devrait plus trop hanter nos nuits. Ce faisant, c’est bien involontairement que les Lausannois ont donné un coup de main à leurs meilleurs ennemis servettiens dans leur lutte pour le maintien. A nous maintenant, dès samedi prochain, de renvoyer l’ascenseur à nos potes locarnais en jouant libérés lors du derby lémanique.

Samedi 18 avril, venez soutenir cette équipe du LS, qui a prouvé qu’elle pouvait avoir du coeur. Le match est à 19h30 et le Lausanne-Sports doit à son public un vrai match plein, lui qui n’a guère été gâté à la Pontaise cette saison. Notre équipe ne flambe pas, mais elle fait montre de caractère, et on ne peut pas lui reprocher de ne pas mouiller le maillot, de ne pas défendre ses couleurs. La saison prochaine est à bâtir, et cela commence dès aujourd’hui.Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Locarno – Lausanne 0-3 (0-0)

Lido, 1’075 spectateurs.
Arbitre : M. Lanfranchi
Buts : 66e Boughanem 0-1, 70e Hélin 0-2, 85e Rezzonico (autogoal) 0-3.
FC Locarno : Di Benedetto, Rezzonico, Riccio, Lodigiani, Osella (46e Immersi), Reyes (57e Stoller), Kuhl, Ajide (77e Pollini), Ciana, Senger, Gimenez.
Lausanne-Sports : Debonnaire, Barroso, Malacarne, Diogo, Sonnerat, Marazzi, Basha (53e Carrupt), Bilibani, Pasche, Boughanem (88e Mobulu), Hélin (78e Pimenta).